Mariage chrétien et plaisir sexuel, et quoi aussi, sensualité?

Le mariage chrétien et le plaisir sexuel

Mariage chrétien et plaisir sexuel, et quoi aussi, sensualité?

PM: « Vous dites que le mariage est institué dès la Genèse. Ne serait-il pas plus exact de dire que c’est le couple homme-femme qui est défini comme cellule de base pour l’humanité naissante ? »

RE: « Oui et non. On peut remarquer que ce texte fondateur est repris mot àmot par le Christ lui-même, puis par l’apôtre Paul, marquant ainsi sa valeur normative pour tous et sa permanence dans le temps. Même s’il n’y a pas de détail sur l’organisation d’une cérémonie, il y a néanmoins plusieurs éléments qui caractérisent le mariage tel qu’on le retrouve plus loin dans la Bible, et dans de nombreuses autres sociétés sans aucun lien avec la Bible. Il me semble que c’est donc à juste titre que ce texte est couramment appelé l’institution du mariage. On y trouve, dans l’ordre : la prise de distance par rapport aux parents, ce qui est bien un signe de maturité, une prise de responsabilité et l’éclosion d’une nouvelle cellule sociale ; l’attachement à un seul et unique conjoint ; et enfin, le troisième point qui ne vient qu’après les deux autres, l’intimité physique. Sont déjà sous-entendues deux notions qui caractérisent n’importe quelle cérémonie de mariage : l’engagement de l’un envers l’autre, et l’engagement devant la société ».

Mariage chrétien et plaisir sexuel, et quoi aussi, sensualité?

RE: « Dans la cohabitation fidèle, n’y a-t-il pas une faute de logique, surtout quand des enfants sont nés? « 

RE: « Même dans la cohabitation fidèle, il y a un refus de l’engagement. Il peut certes y avoir affirmation d’un engagement privé, mais que vaut un engagement qui n’a pas été officialisé devant la société ou devant des témoins ? En ce sens, la cérémonie est bien davantage qu’une simple convention. Pour la société, elle marque la reconnaissance publique du couple. Pour les parents, elle marque l’officialisation de la « rupture ». Pour le couple, elle scelle l’engagement devant des témoins. »

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Mariage chrétien: une extraordinaire liberté

PM: « Hormis l’interdiction de l’adultère, la Bible parle assez peu de la sexualité : elle se révèle très peu normative quant à la pratique sexuelle dans le cadre du couple marié… »

RE: »La Bible en parle peu, c’est vrai. Cela a amené deux dérives opposées. D’abord la dérive moraliste : nombre de conducteurs religieux à travers l’histoire se sont sentis investis de la responsabilité de préciser des règles que Dieu aurait « oubliées » en inspirant le texte biblique. Deuxièmement, la dérive libérale : Si Dieu n’a pas pris la peine de donner des règles, tout est permis. La Bible laisse au couple une très grande liberté, et la dimension du plaisir n’en est pas exclue. Plusieurs passages de la Parole en témoignent. Par exemple, le jeune marié était exempté d’armée et de charges pendant un an afin de pouvoir « réjouir » sa femme.[1] L’homme doit « faire sa joie de la femme de sa jeunesse » ou « jouir de la vie avec la femme qu’il aime ».[2] Les mots hébreux traduits par réjouirjoie et jouir ont un sens très fort et expriment la notion de plaisir. Toutefois, si la sexualité est la troisième composante du mariage, elle ne résume pas à elle seule le mariage. Par sa dimension de plaisir, la sexualité peut hélas être recherchée pour elle-même et devenir une dépendance, une véritable idolâtrie. Même dans le couple, c’est là qu’il y a, me semble-t-il, une limite. »

Une sensualité très explicite…

PM:  » Du Cantique des cantiques, on a dit qu’il symbolisait la relation de Dieu avec l’être humain. Il est cependant d’une sensualité très explicite…

RE: « Le Cantique des cantiques décrit en termes à peine voilés une relation amoureuse. Pour nombre de conducteurs religieux, il fallait le « désexualiser » et il est présenté comme un chant d’amour symbolique entre Dieu et son peuple, ou entre le Christ et l’Église. C’est vrai que cette image de couple est reprise ailleurs pour illustrer la relation entre le Christ et l’Église. Mais quiconque a déjà eu une expérience sexuelle de couple y verra une description réaliste. De manière poétique, l’auteur utilise, pour décrire les divers éléments de la relation sexuelle, un langage imagé, comme les sources et les fontaines, les parfums, la main passée par la fenêtre, la poignée du verrou, la tête d’or de l’homme au milieu de boucles noires, la tête couverte de rosée, les boucles pleines des gouttes de la nuit… »

Devoir conjugal

PM: « Vous n’hésitez pas à employer l’expression « devoir conjugal ». Où est-elle dans la Bible ?

RE: « L’apôtre Paul en parle clairement : « Que le mari rende à la femme ce qu’il lui doit, et que la femme agisse de même envers son mari. »[1]Par amour, il faut savoir consentir des efforts. Le couple n’est pas le lieu de la satisfaction de l’égoïsme. Il n’est pas rare que l’un des partenaires doive se rendre plus disponible ou, à l’inverse, freiner ses envies. Enfin, il importe de respecter l’autre et de ne pas lui imposer quoi que ce soit. »

Propos recueillis par Philippe Malidor

Pour contacter: Site Roger Eykerman(link is external)


[1] I Corinthiens 7:3.


[1] Deutéronome 24:5.

[2] Proverbes 5:18; Ecclésiaste 9:9.

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Le plaisir est pour vous ! Mariage chrétien, sexualité et plaisir

Sexe et religion le couple est gagnant

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« le couplé gagnant »

Une approche chrétienne et positive de la sexualité

Tiraillés entre une société libérale en matière de sexualité et un discours religieux souvent culpabilisant, beaucoup de chrétiens mènent en quelque sorte deux vies parallèles : l’une qui relèverait de leur foi, et l’autre de leur intimité. Or, une approche chrétienne et positive de la sexualité est hautement souhaitable. C’est ce que Roger Eykerman a voulu montrer dans son livre Tabou. [1]

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Traditionnellement, on assimile la chute à l’acte sexuel. Pourtant, l’intimité physique du couple était déjà prévue avant la chute dès Genèse 2, « ils deviendront une seule chair », alors que la chute est racontée dans le chapitre 3. La sanction qui frappe Adam et Ève est liée à leur désobéissance et non à l’acte sexuel qui n’a pas encore eu lieu. Pendant des siècles, en s’éloignant de l’enseignement biblique, la religion a fait du renoncement un moyen de salut. Jusqu’au concile de Vatican II, il y a environ quarante ans, des livres de morale chrétienne affirmaient que l’acte sexuel était un « péché permis seulement dans le cadre du mariage pour avoir des enfants » !

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Plaisir = récompense et déplaisir = punition

D’autre part, depuis notre enfance, nous sommes conditionnés à l’association automatique plaisir-récompense et déplaisir-punition. Ainsi, tout plaisir doit être mérité. Un plaisir reçu autrement que comme une récompense met mal à l’aise et entraîne un sentiment de culpabilité, comme si ce plaisir avait été volé. Ainsi, la sexualité étant source de plaisir, elle est forcément quelque chose de mauvais. Il est intéressant de noter que la notion de péché rapportée à la sexualité n’est pas spécifique à la Bible, comme la société essaie de le faire croire : elle se trouve aussi dans d’autres cultures, même les plus libérales en matière de mœurs. Ovide, poète fréquentant les épicuriens, mort en l’an 17 de notre ère, c’est-à-dire bien avant l’extension du christianisme dans l’Empire romain, parle dans L’art d’aimer du « péché d’amour… aussi agréable à la femme qu’à l’homme ». Dieu n’est pas ennemi du plaisir. C’est lui qui l’a créé, qui l’a donné à l’humanité avant la chute. Le plaisir est légitime dès lors que sa recherche ne devient pas le but de la vie au point de passer devant la relation avec Dieu.


[1] Éditions Farel, 2003.

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